Merci, le changement est en marche

FRANÇOIS HOLLANDE

Mesdames, Messieurs, mes chers concitoyens, les Françaises et les Français se sont massivement mobilisés dans cette élection présidentielle avec une participation rare, 80 %. Plusieurs faits majeurs sortent de ce scrutin, et ils sont incontournables.

Le premier, c’est que je suis ce soir en tete du premier tour. Je veux remercier chaleureusement les électrices et les électeurs qui, par leur suffrage, m’ont placé dans cette position qui m’honore et m’oblige, la plus forte pour l’emporter. C’est un acte de confiance dans le projet que j’ai présenté devant les Français pour redresser notre pays dans la justice, pour maîtriser la finance, pour retrouver la croissance et l’emploi, pour réduire la dette, pour protéger notre industrie, pour promouvoir les valeurs de la République, pour préparer l’avenir et notamment la transition énergétique.

Voilà ce que j’ai dit aux Français pendant des mois avec constance, avec cohérence, et ils m’ont répondu ce soir en me permettant d’être aujourd’hui le mieux placé pour devenir le prochain président de la République.

Le second fait majeur du scrutin, et il est sans appel, c’est que le premier tour représente une sanction du quinquennat qui s’achève et un désaveu du candidat sortant dont le discours, tout au long de ces derniers mois, a fait le jeu de l’extrême-droite.

Car c’est le dernier élément qu’il faut regarder en face ce soir : jamais le Front national n’avait atteint un tel niveau dans une élection présidentielle. Même en 2002 où il avait été qualifié pour le second tour, il n’avait pas mobilisé autant de suffrages. C’est un nouveau signal qui appelle à mes yeux un sursaut dans la République et une compréhension non pas simplement des colères, mais de ce qui travaille notre pays dès lors qu’il n’est pas porté avec fierté sur ce qui doit l’élever, et qu’il est parfois abaissé, amoindri. Et c’est ce qui s’est passé depuis cinq ans.

Ce soir, je deviens par le vote des Français le candidat de toutes les forces qui veulent clore une page et en ouvrir une autre où tous les atouts de la France seront mobilisés. Je pense à la jeunesse qui attend que lui soit enfin donnée toute sa place, et je le ferai.

Au terme de ce premier tour, je suis le candidat du rassemblement pour le changement. Ce rassemblement doit être le plus large possible. Il concerne d’abord les forces de Gauche et les écologistes, dont je suis aujourd’hui le premier représentant. Je salue les candidats du premier tour, Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly, qui ont appelé clairement et sans négociation à me soutenir pour le second tour.

Je suis aussi le candidat de rassemblement de tous les citoyens attachés à une République enfin exemplaire, soucieux de l’impartialité de l’Etat, candidat de tous les Français qui veulent que l’intérêt général prenne le dessus sur les privilèges.

Je mesure la responsabilité qui est la mienne. D’abord, réussir une alternance qui redonne confiance aux Français dans l’action politique et dans la morale publique. Ensuite, répondre aux inquiétudes légitimes, aux colères nombreuses que le scrutin a révélées : le chômage, la précarité, l’amputation du pouvoir d’achat, les inégalités qui se sont creusées, les rémunérations indécentes et l’insécurité qui frappe les catégories les plus exposées, et notamment les plus pauvres.

Enfin, ma dernière responsabilité — et je sais que je suis regardé au-delà des frontières de notre pays —, c’est de réorienter l’Europe sur le chemin de la croissance et de l’emploi.

Grâce à vous ce soir, le changement est désormais en marche, et rien — je dis bien rien ! — ne l’arrêtera. Il dépend désormais du peuple français. Et le choix est simple : soit continuer une politique qui a échoué avec un candidat sortant qui a divisé, soit redresser la France dans la justice avec un nouveau président de la République qui rassemblera. Le 6 mai, je veux une victoire, une belle victoire à la hauteur de la France, de son histoire et de son avenir. Et pendant tous ces jours qui me sépareront du second tour, je continuerai à rencontrer les Français, à les mobiliser et à leur dire la fierté qui est la mienne de conduire cette campagne, et qui sera, s’ils en décident, la fierté de conduire le pays comme président de la République.

Merci.